Il n’y a plus d’espaces, sinon des ambiances.
Comme un élan qui s’équilibre à chaque fois, le regard en arrière sur la nature rencontre un moment où la technologie envahit notre vie quotidienne. Ainsi, l’architecture, qui, il y a peu de temps, s’occupait essentiellement des phénomènes naturels statiques ou cycliques (les vues, l’exposition du soleil, le climat) découvre aujourd’hui par le biais de la technologie, l’autre figure de la nature; une nature qui se modifie, qui change, et, l’inespéré, son mouvement constant.
On commence à penser que l’on peut recréer ce monde-là, où on veut, quand on veut, comme si la nature pouvait être un champ thématique.
De plus on pense aussi que c’est l’homme et la femme qui la créent, qui la changent, qui la modifient, il y a peu d’années, la nature avait un sentier qui paraissait inexorable: le changement climatique ouvrit radicalement la possibilité de l’homme d’altérer le monde physique, coïncidant avec l’indolence ou le désintérêt à changer le monde social, remplissant le vide politique laissé dans la vie de la société.
Il reste une nature à respecter à admirer, mais le prix à payer est son éloignement. Ainsi nous nous orientons vers une autre nature artificielle. Non la deuxième nature qu’inventa Leonardo quand il parlait de l’art, qui est en fait la culture, mais peut-être d’une troisième nature : atomisée, partielle, réduite, instantanée. Nous nous dirigeons vers un monde constitué de petits acteurs qui modifient leur espace privé et collectif de manière continue et instantanée. Leur modèle sera la nature car elle est intarissable et elle inonde la totalité des sens.
Dans ce territoire, proche des préoccupations classiques  de l’architecture, vont en apparaître d’autres; dans un environnement essentiellement non visuel, sinon multi-sensoriel et enveloppant où l’important ne sera pas les espaces mais les ambiances poussées par la formidable poussée de la technologie, par le désir d’être des protagonistes, poursuivant les transformations d’une nature que nous ne pouvons toucher, en la recréant, et, avec ça, le vain espoir caché de conjuguer avec le déchirant passage du temps.
Un monde ni meilleur ni pire, un monde non occupé de lamentations ou de nostalgies, sinon de désir de découvrir les grandes opportunités que la technologie cache pour vivifier l’architecture, afin de la regarder d’un autre angle depuis le plus petit coin des espaces sociaux à l’échelle de la ville comme autrefois à la recherche de la voûte, du béton, de l’acier, de l’ascenseur ou du téléphone.
Un monde où déjà l’espace est un petit fragment d’ambiances dessinées par l’ouïe, le touché, le goût, la vue et l’odorat. Des atmosphères construites par le naturel et l’artificiel où les sensations sont tellement complètes comme elles le sont dans la nature car elles sont menées non seulement par le changement mais aussi par la présence surprenante du possible.​​​​​​​
Explorer ce monde fascinant, à toutes les échelles, est le but de cette étude mais aussi l’axe d’une démarche particulière dans la conception de ce projet.  

Mansilla & Tunon Architectes ©​​​​​​​ Atelier EPFL 2005  



   

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